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Sa vie, son œuvre

Je me suis étonnée moi-même aujourd’hui. Je me suis rendue compte que je ne savais absolument pas à quoi ma vie allait ressembler dans 2 ans ou même l’année prochaine. Ce qui m’a joyeusement stupéfaite, c’est que j’ai posé ce constat sans aucune inquiétude, et même avec une grande curiosité ; c’est devenu mon mode de fonctionnement et c'est super excitant.

>>> Moi avant : j’essayais de trouver la bonne direction, de faire les bons choix pour avoir une bonne vie… comprendre : une vie qui vaudrait d’être vécue selon tout un tas de critères tenus en haute estime par la société, mes parents, mon milieu social, etc… une vie qui me permettrait de cocher les « bonnes cases » (mariage-sans-divorce, maison, enfants-bien-élevés et bon-job-qui-paie-bien) pour être la meilleure élève de la vie ( j’ai eu les félicitations à peu près toute ma scolarité, ça en dit long sur le syndrome de la bonne élève). Bien sûr tout cela en essayant difficilement de mettre du sens et en ayant l’impression de passer un peu à côté de moi.

>>> Moi aujourd’hui : Je n'ai pas une vision claire de comment ça doit être, mais j'ai une vision très précise de comment je veux me sentir. Ma vie aujourd'hui ne ressemble à rien que je connaisse. Je n’ai plus de case à cocher mais je continue de choisir chaque jour le mari (mais plus avec le même fonctionnement), la maison (parce que je l’aime d’amour aussi), les enfants (mais je m’en fous davantage qu’ils soient bien élevés, je veux surtout qu’ils soient eux) … quant au job… et bien chaque jour est un point d’interrogation aussi bien dans la forme que dans le fond.


J’essaie des trucs parce que ça me plaît. Je les arrête parce que finalement c’est pas si drôle. Mais entre les deux, j’apprends des tas de choses sur moi, mon fonctionnement, mes vrais désirs et mes talents. Dans tous les domaines, mon seul critère est de choisir ce qui me fait du bien, ce qui me rend légère, ce qui me met le smile. Ça n’exclue ni les moments de loose ni les déconvenues, encore moins les inconforts, les zones de flou ou les échecs. Ça ne veut pas non plus dire que je vais seulement vers ce qui a l’air fastoche. Ah ben non. Parce que souvent, ce qui est fastoche, ce n’est pas très drôle. On est d’accord ?

Maintenant, je suis en création permanente. Je me réinvente un peu chaque jour et c’est délicieux. J’aime l’idée qu’il y ait la possibilité que la vie ne soit qu’un immense terrain d’expériences, et que l’on puisse se tromper, changer d’avis, recommencer, essayer autre chose, en suivant toujours ce qui est présent, ce qui est joyeux, ce qui parfois fait peur mais qui attire en même temps. Tout comme en peinture, on a la possibilité de faire un repentir parce que la première version ne nous satisfait pas vraiment, on recouvre la toile, on recommence mais pas de zéro car ce qu’il y a dessous donne de la matière, de la profondeur, on s’appuie dessus. J’aime que la superposition des couleurs rende la couleur du dessus plus vibrante et plus riche, plus lumineuse aussi. C’est cela qui est intéressant, ce n’est pas de faire bien, c'est de s'inventer.

On revient plusieurs fois sur sa toile, on se la coltine et je vous jure que parfois on a envie de tout barrer d’un gros coup de brosse, mais on y revient quand même et c’est touche par touche que l’image se construit.


Je me suis mise à rire en pensant à cette expression grandiloquente « ma vie, mon œuvre », mais tout à coup elle a pris tout son sens. Et j’ai su que c’était vrai. Notre vie est une œuvre. La nôtre. Unique et mystérieuse. Je n’aurai l’image complète que lorsque je poserai ma signature, c'est à dire quand elle sera finie. Et je ne veux rien d'autre que pouvoir dire : « elle est ce qu’elle est, mais c’est moi qui tenais les pinceaux, qui ai posé ma touche et qui ai choisi mes couleurs, et quel pied ça a été ! ».

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