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Pierre et sa colère

Pierre est un homme en colère. Une colère sourde et profonde, qui tel un geyser brûlant, emplissant l’air de son odeur de soufre et faisant le vide autour de lui, jaillit brusquement à la moindre pression.


Cette compagne bouillonnante est envahissante et Pierre n’en peut plus d’avoir peur d’elle. Il voudrait pouvoir vivre en homme doux et paisible qu’il sait être, au-delà de ce lion rageur coincé dans sa poitrine.


Mais voilà, bloqué par son refus de ressentir cette rage une bonne fois pour toute, Pierre est prisonnier de sa peur d’être consumé.

Tout ce qu’il souhaite, c’est qu’elle disparaisse ou du moins qu’elle se fasse plus discrète. Il a tenté diverses stratégies.


>>> Il a tenté de la dresser, de la contrôler. Mais la tigresse n’est pas bien docile et, tel un syndrome de La Tourette, continue de se jeter de manière importune à la tête du premier venu au moindre mot maladroit.


>>> Il a alors cherché la cause. Justifier sa présence pour mieux l’apprivoiser. Et bien sûr, des raisons il en a trouvé à la pelle. Une père abusive, une mère lâche et complice, une enfance douloureuse et une adolescence compliquée et solitaire. Pierre est en colère et n’importe qui comprendrait pourquoi. Mais comprendre ne l’a pas libéré.


****Pourquoi une action mentale ne pourra jamais marché quand il s’agit d’un émotionnel débordant ?****


Parce qu’une émotion, c’est une information destinée à être reçue dans le corps. Si comme Pierre vous avez refusé l’intensité de cette émotion car vous n’aviez pas les moyens, enfants, d’y faire face, elle est comme une missive laissée en souffrance à la Poste et dont vous recevez régulièrement la notification. Tant que vous ne l’ouvrirez pas, n’accepterez de vivre cette information essentielle, il vous sera difficile d’échapper à sa présence persistante et de passer à la suite.


Parce qu’en s’identifiant à sa colère par sa compréhension, il l’empêche inconsciemment de partir. « Qui est-il sans sa colère ? » est une question qu’il devra avoir le courage d’explorer.


Pour Pierre, toutes ces stratégies n’ont eu pour effet que de créer un terreau fertile de raisonnements logiques et de rigidité douloureuse dans lequel la colère plonge ses racines allègrement et prospère en attendant d’être reconnue pour ce qu’elle est.



Si nous n’avions plus d’histoire, si nous étions libres de toute causalité, qui choisirions-nous d’être ?

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