
CONSIDÉRATION MÉNAGÈRE
En faisant mon ménage ce week-end, je me suis délectée de cette vision de ma maison bien propre et bien rangée.
J’étais assise là, avec ma tasse de thé, ça sentait bon partout… je me suis dis que c’était beau. J’étais contente.
Et puis, tout doucement, je me suis surprise à penser que ça ne pouvait pas être comme ça en permanence parce que ce n’était pas vivant. Et c’était bon de le réaliser.
La vie, c’est quand il y a le cahier de grammaire du gamin ouvert sur la table de la cuisine, quand il y a les clés posés sur le courrier encore fermé sur le buffet du salon ; c’est les baskets de la grande, balancées au hasard dans l’entrée, ou encore ce livre abandonné à la page 32 sur les coussins du canapé.
C’est le linge qui sèche, les poils du chat, et le pot de confiture mal refermé, la pochette vide du disque oublié dans le lecteur, la cendre un matin d’hiver dans la cheminée ; c’est le rayon de soleil qui laisse apparaître une paume sur la vitre et le lave-vaisselle à lancer. C’est les lunettes qui traînent dans des endroits impossibles et les mille pas qu’il faut pour enfin les retrouver, c’est la carte de bus dans la machine à laver et le tipex à côté du doliprane et des piles rechargeables dans le tiroir fourre-tout (tu as un tiroir comme ça toi aussi ?) ; c’est le bouquet qui fane, les poireaux qui ne rentrent pas dans le frigo et puis le creux sur l’oreiller.
La vie, c’est du foutoir.
LA VIE, C’EST DU FOUTOIR
Et ce foutoir est aussi en nous.
Avec pêle-mêle de la mélancolie et des fou-rire, des pensées graves et des blagues dont on n’a que la chute ; un cœur lourd, de la colère, des indignations et aussi des souvenirs très doux ; il y a de la tendresse, des envies d’ailleurs, des fatigues immenses, des découragements. Il y a le soleil et puis la pluie et puis le soleil encore, merci. Des chansons en boucle et des mots sur le bout de la langue, des digues intérieures qui craquent, de l’amour qui déborde, des bras qui s’ouvrent et des dos tournés, des yeux qui pétillent, des choses qu’on ne dit pas, des chagrins par en dessous, des élans, des désirs,… On ne peut pas trier, ne choisir qu’un bout.
Et au croisement de tout cela, il y a ce point de suspension.
Cet équilibre instable.
ET SI DANS CE FOUTOIR IL Y AVAIT LA JOIE ?
Et c’est à cet endroit-là que j’explore depuis quelques jours une nouvelle possibilité, offerte par les personnes qui suivent mon accompagnement Joie et Légèreté.
Ce nom m’est venu “comme ça” (ahaha !)… et je n’en reviens pas de ce qu’il crée.
Alors je pose là ce qui émerge depuis que je recueille leurs mots et l’éclat de leurs yeux.
Dans cet équilibre instable, au carrefour de tout ce foutoir, sur ce point suspendu, dans le silence de cet instant de rien, je me demande si ce n’est pas là que l’on peut toucher la joie simple et pure qui en réalité sous-tend l’ensemble.
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