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Charlotte

L'autre, c'est moi

Aujourd’hui je suis malade C’est une bénédiction. Je suis obligée de me mettre en pause. J’ai le corps douloureux et l’esprit vagabond. Je repensais à une femme que je ne connais que de très loin et qui lance un projet qui m’inspire. Je pensais à elle et me disais combien je la trouvais belle, forte, résiliente et puissante et combien ce serait inspirant de participer à son projet… Et puis j’ai ri (en moi-même, mon corps est trop fatigué !). Car j’avais touché l’évidence que je sais depuis longtemps : tu ne peux voir chez l’autre que ce qui t’appartient. La plupart des jugements parlent bien plus de ceux qui les émettent que de leurs destinataires. Y compris lorsque je pense « salaud » d’un homme qui parle mal à sa femme. Combien de fois je me parle mal à moi ? Combien de fois par jour je m’insulte parce que j’ai oublié la liste de course « je suis trop bête », parce que je en suis pas contente de mon travail « j’ai fait de la merde aujourd’hui », parce que je n’ai pas su gérer ma fatigue face à mon enfant et que j’ai crié un peu fort « je suis vraiment une mère en carton » … combien de fois je me déprécie et je trouve cela parfaitement normal ? Alors, c’est qui le salaud ici ? Dans ce texte, je ne souhaite pas explorer le fait qu’un homme parlant mal à sa femme a des torts. Parce que ce qui me passionne, là, tout de suite, c’est de voir à quel point souvent, très souvent, l’autre c’est moi. Alors observez vos jugements. Les beaux comme les moins beaux. Et quand vous parlez de quelqu’un de formidable comme si c’était un autre, rappelez-vous que vous portez nécessairement toutes les qualités que vous voyez. Il ne peut en être autrement.


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