Le Vendée Globe vient de partir et nous avons suivi l’affaire en famille. Certaines vidéos de l’édition précédente ont été retransmises, montrant des moments d’épuisement, de doutes et de peurs traversés par les marins. Et ma sœur a dit : « Ça fait du bien d’entendre ça. On peut être en train de réaliser son rêve et avoir de vrais moments de désespérance. On a le droit de le dire sans tout remettre en question. »
Ça m’a donné du grain à moudre sur deux axiomes douloureux.
As-tu parfois le sentiment que si tu vis ton rêve, tu es si privilégié.e que tu n’as plus le droit de trouver la route difficile ?
On a tendance à culpabiliser d’avoir “la chance” d’avancer vers nos désirs. Et ce privilège nous obligerait à serrer les dents plus que les autres.
C’est marrant cette culpabilité, parce que quitter le ponton d’amarrage avec audace et courage pour vivre une nouvelle réalité n’est pas de la chance, cela se crée avec intentionnalité et c’est accessible quelles que soient les circonstances extérieures.
Et justement, larguer les amarres n’est pas plus facile, loin s’en faut, que de continuer à quai, la terre ferme sous les pieds. Le nouveau sillon reste celui d’un humain qui tombe, apprend, se relève, évolue, mûrit, trébuche à nouveau pour mieux passer la prochaine déferlante… avec en plus la difficulté d’être sur un passage assez peu fréquenté.
Le seul vrai privilège dans tout cela est peut-être d’avoir eu assez d’amour pour soi pour considérer ce désir brûlant et tenter l’aventure.
As-tu déjà entendu dire “Si ce n’est pas fluide, ce n’est pas le bon chemin” ?
Et bien si. Parfois, sur le « bon » chemin (existe-t-il vraiment ?), il y a la tempête et des vagues de trente mètres.
Le bon chemin n’est pas celui qui va t’éviter les embrouilles mais plutôt celui qui va t’apporter tout ce dont tu as besoin pour devenir qui tu es dans ton essence, y compris les défis.
Les difficultés sont là pour nous permettre de reconnaître nos capacités ignorées, éprouver notre foi et vérifier que nous sommes toujours câblés sur le bon réseau, celui du cœur inspiré plutôt que celui de nos conditionnements.
Aller vers ton rêve ne te garantit ni la vie facile ni le bonheur absolu.
Par contre, à en croire ces skippers impressionnants, cela garantit de ne pas faire des ronds dans l’eau, de se sentir vivant, d’avoir la fierté d’oser s’affranchir de ses limites, de découvrir des ressources intérieures insoupçonnées et de faire grandir sa capacité à la gratitude et l’émerveillement.
Je ne sais pas quel est ton rêve, je ne sais pas si tu l’atteindras, mais je sais que ce n’est pas en restant à quai que tu le sauras.
Tu es prêt.e à embarquer, à passer la ligne de départ et à t’élancer.
Avec Cœur,
Charlotte
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