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Accepter de s'aimer

C’est l’histoire de ma copine Marie. Marie me dit un jour « je voudrais tellement avoir un homme dans ma vie, quelqu’un qui m’aime sincèrement. J’ai tellement envie d’être heureuse. » Marie me dit ça d'une voix tremblante et j’entends qu’elle est fatiguée. Fatiguée de tous ces loosers, ces paumés qui lui piquent ses sous ; Fatiguée de ces hommes mauvais et manipulateurs qui finissent immanquablement par la frapper ou la tromper quand ce n'est pas les deux ; Fatiguée de se retrouver une fois de plus seule dans un quotidien qui lui semble gris de peine.

Alors, bien sûr qu’on voudrait tous avoir dans notre vie quelqu’un d’aimant et de solide qui nous apporte soutien, tendresse et chaleur, quelqu’un avec qui partager nos joies, nos peines, des rires et de la complicité. Bien sûr que nous voulons tous « être heureux », quoique cela veuille dire, intimement.

Mais relier les deux dans ce sens-là, dans un rapport de cause à effet, ne fonctionne pas et ne pourra jamais fonctionner. Pourquoi ?

Et bien parce que Marie attend que quelqu’un l’aime à sa place. Elle espère que si quelqu’un la voit avec les yeux de l’amour, cela la rendra plus aimable à ses propres yeux.

Marie a, pourrait-on dire, le syndrome du prince charmant, qui s’avère rarement bien charmant comme on l’a vu. Et c’est assez logique, car ce qui émane d’elle, subtilement mais implacablement, c’est « je ne suis rien, je ne suis pas aimable, et si quelqu’un, n’importe qui, veut bien de moi, j’aurai déjà de la chance ».

Une part d’elle croit tellement à cette histoire qu’elle attire encore et encore des hommes qui la battent, qui l’abusent et la traitent comme une « moins-que-rien ». Si j’osais, je dirais que c’est elle-même qui se vole, se bat et s’humilie.

Marie ne s’aime pas beaucoup (et je suis gentille !). Voilà la seule chose à regarder. Alors elle ne se laisse aimer par personne même si elle aspire à cela. La possibilité d’un amour sincère qui lui serait destiné ne fait pas partie de son monde. Pour l’instant.

J’aimerai que Marie se voit comme je la vois. Car quand je regarde Marie, je suis profondément émerveillée de la femme que je perçois, belle et puissante ; elle est très loin d’être « rien ».

Mon métier c’est d’amener les gens que je rencontre à revenir vers eux-mêmes, à retrouver une intimité sans jugement avec ce qu'ils sont réellement, à reconnaître leur valeur, leur beauté et leur puissance. Mon métier c’est d’apprendre aux gens à s’aimer.

Et si Marie a le courage de faire ce chemin vers elle-même, de tous les pores de sa peau émanera un rayonnement tranquille si empreint d’amour que je ne doute pas qu’un homme bon, un homme de bien, ait envie de partager un bout de chemin avec elle. Et, si elle y consent, ce ne sera plus pour être sauvée, mais pour partager avec un autre cette belle lumière et ce bonheur retrouvé. Dans ce sens-là, et pas dans l'autre.


Crédit photo : CalicoSkies







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